Chroniques de l'Hiver / Partie 2

Chroniques de l'Hiver / Partie 2

Hiver partie 2 - 1er Février au 21 Mars

1er février

Quelle émotion ! Les premières fleurs. Il y a quelques jours, tous les bulbes étaient sous terre, je guette depuis plus d’une semaine ! Aujourd’hui est un grand jour, ça y est , les premiers crocus déplient leur tige vers le ciels avec leurs fleurs encore fermées. Les perces neige quant à eux, sortent leurs tiges vertes mais leurs clochettes blanches sont encore bien fermées. J’en ai presque pleuré de joie de les revoir après un an. Ce n’est pas juste voir une fleur, c’est voir le cycle de la vie se manifester pleinement. Car dans ce retour, il y a le futur printemps et un nouveau cycle qui s’annonce. C’est l’essence même de la vie ! Tout le temps à l’oeuvre et qui sort au moment juste, c’est si parfait ! 

Aujourd’hui c’est nettoyage du poulailler et de la cabane des chèvres. Pas glamour mais essentiel pour prendre soin de nos animaux.

Premier tchonk du pic épeiche, cela vibre aussi à l’intérieur !

Des oeuvres inspirées 

Depuis le début de l’année, l’inspiration est très présente. La surprise est au rendez vous. Déjà j’au eu envie de créer 12 oeuvres qui correspondent aux 12 mois de l’année. 

Un matin de fin décembre, tôt, dans la pénombre, je sors ma machine à coudre, j’allume un feu et je me penche sur l’assemblage de différents tissus et matières. 

Fébrilité

Excitation

Le temps passe et je suis dans le mouvement, je ne le vois pas filer les heures

Aucune limite

Juste l’envie et l’élan. 

Résultats saisissants. 

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Et puis, les écorces sont venues. Presque tombée en amour devant les couleurs pastel ou plus brutes du bouleau. Ces écorces étaient destinées à être brulées car elles étaient sur les bûches qui alimentent notre poêle. Quand j’en ai vu une première, orangée et rosée, je l’ai saisie, regardée et à partir de là, l’inspiration est venue. Une série de 5 oeuvres intitulée « les baumes du coeur » a vu le jour. 

Fin janvier, ma voisine m’a donné des racines de Gaillet Grateron qu’elle avait ramassées. Un cadeau de Noel après coup, vraiment ! Le Gaillet est une plante assez commune qui s’accroche facilement aux vêtements, on en trouve partout, il fait partie de la famille des Garances, très connues des teinturiers pour le rouge vif qu’elle donne. Je l’ai utilisé en teinture, les racines déposées sur le tissu directement et l’ensemble mis dans la poissonnière. Le résultat est saisissant. Une oeuvre très spéciale a émergé. Il y a comme un avant et un après. Chaque année, il y a quelques oeuvres comme cela qui marquent une sorte de passage, une évolution importante dans le processus artistique. A l’intérieur, c’est comme un grand soulagement, un relâchement profond. 

J’ai également sorti des racines de Garance que j’avais récolté il y a un an et demi chez mes parents. Une joie de travailler avec des racines. Elles ont donné un beau pourpre. J’ai fait des tests de nouvelles teintures pour essayer d’apporter plus du profondeur à l’oeuvre spéciale mais cela a effacé la couleur alors ce printemps, je ramasserai de nouvelles racines et je referai des essais. 

Au revoir

Au revoir petite taupe. Je l’ai trouvée entre la maison et mon atelier, en milieu de matinée. Elle avait été croquée par un de mes chats je pense, une grosse plaie saignait sur le côté. Je l’ai attrapée un peu maladroitement je l’avoue, elle m’a même mordue tellement elle a du avoir peur, et je l’ai déposée en face de mon atelier dans un trou sous la terre, recouverte de fougères sèches. Je suis revenue la voir plusieurs fois et au bout de quelques heures, elle était partie. Depuis, je place les végétaux issus de mes teintures là où elle repose, comme un hommage. Devant la réalité de la mort, ce n’est pas toujours si facile mais cela ramène toujours à l’essence de la vie et donne envie de prendre soin. Alors au revoir et bon voyage petite taupe. 

2 Février

Soleil et givre. 

Perces neige et crocus

Les travaux continuent dans le futur atelier de JC : nettoyage des pierres, dégagement de terre pour faire passer les tuyaux. 

Le temps au coin du feu pour se réchauffer et se reposer est un moment de pur bonheur. L’hiver est magique pour cela, l’intensité du travail dehors dans le froid et la chaleur si réconfortante du foyer. 

3 février 

Brouillard et givre, le duo du jour

Le brouillard remonte vers la cime des arbres au dessus de la colline et redescend peu de temps après pour recouvrir la maison et l’envelopper de son doux voile. On est bien dans le cocon blanc de l’hiver, caché du monde pendant quelques heures. Des fois j’aurais envie que cela dure longtemps, mais cette sensation ne reste jamais. 

Temps au coin du feu. Le froid est vraiment mordant, difficile de se réchauffer alors bouillotte dans le dos.

Les travaux 

Depuis quelques mois, nous avons commencé les travaux de la grange. Dès que nous sommes venus vivre ici, nous avons eu l’envie de prendre soin du lieu et cela en réalisant une rénovation écologique. Pas évident au départ car il y a peu d’artisans dans ce domaine et peu de disponibilités. Nous avons beaucoup appris et fait nous mêmes. 

Cette grange est une ancienne métairie séparée en quatre parties. Le bout de la grange correspond à mon atelier, il a été pratiquement finalisé, il reste quelques finitions. Le projet s’organise en trois temps avec une vision long terme pour les deuxièmes et troisièmes parties car cela dépendra du budget disponible.

  1. le premier consiste à rénover le bas de la partie centrale pour l’atelier menuiserie de mon mari avec un espace de stockage de bois propre dans la partie gauche de la grange. 
  2. Le second est la rénovation de la partie droite pour en faire un lieu d’accueil et d’hébergement type gite (résidences artistiques, immersions, etc seront proposées)
  3. Le troisième est de transférer au dessus de l’atelier de mon mari, le mien, au milieu de la grange.

Nous avons mis presque un an à rénover notre maison, pratiquement 3 ans pour faire mon atelier, la grange représente le plus gros chantier que nous ayons fait. En effet, cela pousse à réfléchir à l’ensemble du lieu et notamment à l’approvisionnement en eau du lieu, à l’assainissement, à l’évacuation des eaux de pluies, etc.

Pour cette première tranche, commencée en octobre 2024, les tâches à réaliser sont les suivantes :

  1. enlever les pierres au sol (ancienne étable) 
  2. Décaisser le sol d’au moins 30 centimètres sur 100 mètres carrés et sur 60 dans l’endroit de stockage du bois
  3. ajouter de la matière pour assurer l’isolation du sol avant la dalle (plus de 36 tonnes de cailloux)
  4. Installer un drain et faire un sol sur 160 mètres carrés
  5. Prévoir  et installer l’électricité et l’évacuation des eaux
  6. Assurer la gestion de l’eau de source pour prévoir les besoins de l’ensemble des batiments
  7. Prévoir et réaliser des ouvertures. Nous avons fait appel à un cabinet d’architecte pour le dépôt de permis de construire
  8. Couler un plancher
  9. Isolation des murs
  10. Création d’un plancher isolé
  11. Et bien sur toutes les finitions et autres tâches annexes

Au départ, j’ai beaucoup de mal à me lancer dans les travaux. Cela demande un investissement physique très important. Mon mari lui porte toute la charge du projet, les choix important, c’est encore plus lourd. Et puis, petit à petit, l’élan arrive et je rentre dans le projet. Depuis le début de l’année, j’ai plutôt enchainé les brouettes pour décaisser et celles pour préparer le sol avant la chape puis je l’ai aidé pour le sol. 

04 Février 

Petit mot doux de mon mari  JC avant de partir sur Lyon. Je lui en avais déposé un en prévision de sa journée la veille. 

Brouillard le matin

Gris et dégagé l’après midi. Mais froid très froid.

05 février

Quelques aperçus de ciel bleu pour faire croire.

Ciel dégagé espéré.

Mais à la place, brouillard. Sol blanc, arbres givrés et froid saisissant.

Année brouillard. Peu de pluie mais de la brume épaisse qui cache le soleil pourtant si proche pendant toute la journée voir plusieurs jours parfois. Et pourtant, il y a aussi de la douceur dans le brouillard, il vient nous envelopper, nous proposer de rester tranquillement au chaud. 

Et puis tout d’un coup, on s’aperçoit que le ciel bleu est de retour, la brume est partie, il fait plus chaud. Savourer ! 

 Les couleurs de l’hiver 

D’abord le blanc. Blanc pur de l’hiver. 

Blanc froid de l’hiver

Blanc neige ou blanc givre. 

Blanc froid ou blanc étincelant

Blanc gracieux des flocons 

Blanc laiteux du brouillard

Puis vert, vert sapin, vert profond des résineux, des aiguilles qui offrent un dégradé riche et lumineux

Vert profond du houx et encore plus foncé du lierre. 

Ensuite, le marron ! Très présent en hiver. D’abord le marron des feuilles qui recouvrent le sol. Il est très foncé au début et au fur et à mesure que l’hiver avance, il s’éclaircit. Mais aussi marron des troncs et des branches des arbres nus, qui s’élancent vers le ciel.

Et puis marron boueux qui se colle aux chaussures ou qui vient se mettre sur nos habits. Cette année, avec les travaux, nous avons de grosses tranchées très boueuses. 

Le gris vient après. Gris de certaines troncs d’arbre mais aussi du ciel d’hiver et du brouillard. 

Orange, la couleur des agrumes qui font tant de bien en cette saison ! Ils apportent de la vie à l’intérieur. C’est chaque année un plaisir de manger la première orange ou la première mandarine.

Enfin rouge vif du feu qui réchauffe mais aussi rouge de Noel et des boules qui font briller la maison. 

Les joies de l’hiver

Entendre les premiers chants d’oiseaux

Voir voler les mésanges

Sentir sur la peau du visage, la chaleur des rayons de soleil

Voir le ciel bleu azur sans nuages

Se sentir bien, au chaud prêt du poêle

Regarder la neige tomber, bien au chaud à l’intérieur

Marcher dehors sur la neige ou le sol givré

Se lever et découvrir la nature blanche de givre

La sortie des premières fleurs

Les premiers bourgeons qui se déploient lentement

Manger les premières feuilles de primevères 

Respirer et observer au dehors

Lire au coin du feu ou bien au chaud sous la couette

Sentir le corps raide qui se délie avec le yoga matinal

Boire une bonne boisson chaude après un temps à l’extérieur

Sentir le frais mordant de l’hiver

Voir les chatons des noisetiers, ils égayent l’hiver

Aller caliner Grisouille, notre petit cheveau

Cuisiner les oeufs frais de nos poules

Manger des graines d’orties récoltées lors de l’année précédente

Passer du temps avec les enfants

Faire des puzzles

Voir le jour se lever doucement 

Sentir l’odeur de la peau des agrumes quand on les épluche

Déguster des oranges ou mandarines

Sentir l’odeur de la terre qui se réchauffe

Teindre avec des végétaux de la saison précédente

Découvrir les oeuvres qui émergent en cette saison 

Ecrire

Ecrire, s’y mettre, déposer les mots, reformuler les paragraphes. Se concentrer sur le texte, sur le sens qui émerge et les messages. 

Puis respirer. 

Respirer encore plus profondément.

Prendre une pause. 

Regarder dehors. Voir le vert foncé du sapin, les herbes séchées de la saison précédentes courbées vers le sol, bientôt elles retourneront à la terre et leurs graines germeront pour recommencer un nouveau cycle. Observer les arbres nus et regarder avec joie, comme pour la première fois, le noisetier et ses chatons vert jaune clairs. Ils illuminent les couleurs plutôt sombres et froides de cette journée grise et pluvieuse. 

12 février

Douceur de la lumière dès les premières lueurs du matin. L’arc de la fenêtre se déploie sur le mur en terre de la chambre côté ouest. Malgré les nuages, quelques éclaircies parsèment la journée et il fait bon dehors.

Aujourd’hui, les crocus sont splendides ! Il y en a beaucoup dans la partie qui entoure le grand tilleul. Cette année, oh surprise, il y a un crocus blanc plus grand que les autres ainsi qu’un groupe de couleur violette de la même taille. Peut être est un espèce différente par rapport aux autres qui sont plus petits ? 

La mélancolie de l’hiver se dégage peu à peu, elle est moins présente au fur et à mesure que la lumière et la chaleur se diffusent. La douceur de la vie s’immisce petit à petit, c’est très agréable. Vivement le printemps !

14 février

Insomnie du jour bonjour !

Le sommeil ces derniers jours est assez chaotique, cela arrive par périodes et souvent à ce moment de l’année quand notamment le foi travaille trop la nuit. 

Lever 5h

Dehors, la pleine lune éclaire comme en plein jour, comme si l’éclairage était artificiel mais non, il est bien naturel ! C’est très agréable ce matin de pratiquer le yoga, la maison est endormie, le corps sort tranquillement de la nuit avec des postures tenues longtemps. Malgré le peu d’heures de sommeil, la vitalité est là!

Puis le moment du petit déjeuner : oeufs de nos poules, pain maison et graines d’orties du jardin. Le café bien chaud vient après, quel bonheur. J’aime tellement ce moment de la journée.

15 février

Froid & givre

L’herbe est toujours recouverte de givre. Le corps a du mal à s’habituer aux changements importants de températures entre les différentes journées. Aujourd’hui, le froid se fait bien sentir. Alors on s’active avec le nettoyage du poulailler ! 

La porosité

Dans ma vie, il y a beaucoup de porosité dans les différentes sphères : professionnelles, familiales ou personnelles. Tout s’entremêle en permanence. J’ai l’image de cercles qui s’emboitent les uns dans les autres. L’art de l’attention se dirige et s’affine au quotidien :

Quand je cuisine des plantes sauvages, j’observe ce qui est présent. Souvent cela me donne des idées pour la teinture végétale par exemple. J’ai en effet eu l’idée de tester le millepertuis en réalisant un macérât huileux, utilisé comme un lait corporel, avec cette plante car le mélange après infusion du millepertuis est devenu rouge. 

Quand je fais des travaux, je suis attentive et présente. J’ai trouvé récemment, 3 belles pierres qui seront surement dans mes prochaines sculptures. 

Quand je me promène, je regarde la nature et découvre chaque année de nouvelles plantes. 

Et puis, bien sur, au sein cet art, la porosité est la base même de ma démarche. C’est une forme de sensibilité. Elle représente cet espace entre deux mondes, cet endroit où quelque chose s’apaise, où je m’efface pour faire un avec l’environnement, pour entrer en lien, pour tenter de ne faire qu’un.

Il y a quelques années, cette sensibilité était difficile à vivre, dans mon ancien métier, en tant que manager. Mais aujourd’hui, elle représente le socle d’une vie en lien avec le vivant !

16 février

Le ciel est bleu azur, aucun nuage à l’horizon. La journée est froide mais agréable. Les travaux de la grange continuent et avancent bien. Le sol est bientôt prêt à recevoir sa première dalle. 

17 février 

Le ciel est toujours dégagé, le bleu est toujours azur, peut être même pur et le soleil ardent, flamboyant au lever du jour. 

Il fait encore bien froid dehors. La maison est fraiche quand je descends. Je prends quand même le temps de faire le feu et surtout d’aller vider le tiroir des cendres car  il est plein et cela va être compliqué d’allumer le feu sinon. Allumer le feu, quel acte important, quel moment immuable pour chaque foyer depuis des millénaires ! 

En buvant l’eau chaude, un des petits rituels du matin, j’observe Châtaigne à travers la porte fenêtre, notre chèvre. Bien sur elle m’a déjà repérée et me regarde à son tour. Grisouille la rejoint, ils sont vraiment adorables et réclament leur repas dès leur lever. 

-1 degré

Je remonte à pied après déposé les enfants à l’école. Il fait très froid, j’ai du mal à me réchauffer. Ce n’est qu’en haut de la grande montée que la sensation de chaud arrive. Il faut dire que cette montée est assez forte et cela réchauffe à chaque fois. Quelques pas plus tard, je remarque sur le sol une magnifique hélice de plumes grises à quatre branches. C’est si simple et beau ! 

Dans l’après midi, le soleil est là, la température est plus douce, 10 degrés. Les crocus s’ouvrent entièrement et montrent leur pistil orangé pétard. Cela donne envie de les croquer. Ses deux couleurs se marient à merveille, orange et violet, quel duo qui attire les regards ! Et là, à quelques mètres sur la gauche, apparait le premier papillon de l’année ! Un vulcain. Moment suspendu à observer son vol !

Les animaux de l’hiver 

Contrairement à ce que nous pourrions penser, la vie des animaux en hiver est active. 

Le merle

Noir ébène pour le mâle, marron tacheté pour la femelle. Ils ont un magnifique bec jaune orangé. Il y a un couple qui niche près du potager. Quand j’arrive dans cet endroit du jardin, le mâle est souvent surpris et décampe rapidement en volant bas et en poussant un petit cri, comme s’il était pris en train de faire une bêtise. Les pigeons et les tourterelles font un peu la même chose.

Le geais

La pie des bois et des forêts. Son plumage est magnifique est très varié : noir, bleu, blanc, tacheté. Il est magnifique quand il vole et que l’on peut apercevoir les contours de ses ailes. C’est un grand stockeur comme l’écureuil et il participe grandement à la perpétuation des espèces végétales. 

La mésange

Il y a différentes espèces mais ici nous croisons souvent des mésanges bleues, surement les plus connues ainsi que des charbonnières. J’aime le jaune et le bleu vif de la première et le casque noir sur la tête de la seconde. Je dépose souvent pour elle des miettes ou des restes et j’adore les voir se poser sur la terrasse et picorer. Elles ont l’air si légères et gracieuses mais elles ont un sacré caractère !

Le chevreuil

Elancé, vif et si dense. C’est un animal magnifique à voir. Ici il n’a pas de cerfs et le chevreuil est bien implanté. J’aime apercevoir le croupion blanc des mâles. Un jour, il y a plusieurs années, en me remontant à la maison en passant par la forêt, je suis tombée sur de sublimes bois de chevreuil. Quelle émotion ! J’ai eu l’impression qu’ils m’attendaient. Je les ai pris avec beaucoup de reconnaissance. Ils sont dans mon atelier, posé à un endroit spécial avec l’aile d’une chouette que j’avais trouvé morte à côté de chez nous. Quand j’entre dans cet espace, je prends un temps pour les regarder. J’aime ces reliques, ces témoignages de ces êtres qui vivent proches de chez nous et que nous voyons peu quand même au final car ils s’enfuient souvent avant que nous puissions les voir. 

Une autre fois, j’ai passé un moment en compagnie de cet animal un soir d’été. Il y deux ou trois ans, nous devions aller fermer la porte des poules chaque soir et un soir en y allant, un chevreuil était là. Alors je me suis assise assez près mais pas trop quand même et j’ai passé presque une heure, à la tombée de la nuit à l’observer. C’est là où j’ai pu apercevoir sa force en voyant ses muscles saillants. 

La buse

Redoutable attaqueuse de poules mais aussi rapace majestueux. J’aime tellement les rapaces et j’ai une attirance toute particulière pour les aigles et les buses. Souvent on entend leurs cris et alors il suffit de lever les yeux vers le ciel, d’observer attentivement et à chaque fois pratiquement on arrive à les repérer, volant haut au dessus. Des fois, elles plongent en piquer ou jouent entre elles, se retrouvent et filent à une vitesse vertigineuse sans faire un seul battement d’ailes. Quand je vais sur Autun, j’en aperçois beaucoup nichées sur des arbres qui s’envolent au dessus de la voiture, et cette année, il y en a beaucoup. C’est beau de voir leur plumage plus clair en hiver et foncer avec l’approche des beaux jours. 

Le sanglier

Mammifère incontournable des forêts. Souvent il est lié (peut être malheureusement je ne sais pas) à la chasse. 

Ici en forêt de Broye, il y en a beaucoup. J’en ai croisé quelques fois en remontant du village et la nuit en été, on les entend dans le jardin. Le lendemain, on reconnait leur passage car le sol est entièrement retourné. Un matin il y a quelques semaines, en allant courir, juste après la grange, j’ai fait peur à un marcassin que j’ai vu au dernier moment, il a détalé rapidement. Une autre fois, l’été dernier, tôt le matin j’ai croisé une horde sur le haut de la colline, au coeur de la forêt de sapins. Je n’en menais pas large car je sais qu’ils peuvent charger. Dans ces cas là, je regarde toujours un endroit, un arbre souvent, sur lequel je pourrais monter. Mais ils ont eu aussi peur que moi et sont partis rapidement. C’est quand même impressionnant d’entendre une dizaine de sangliers détaler dans la forêt. 

Le blaireau

Nous savons qu’il y a des blaireaux mais nous en avons croisé peu. Une fois JC en a vu près de chez nous et il y a quelques temps, alors que nous nous rendions chez des amis, nous en avons vu un traverser la route.

Ces moments, ces rencontres sont toujours incroyables, je ne m’en lasse pas. Ce sont toujours des temps hors du temps. A chaque fois, la beauté de la rencontre est présente car je pourrais m’y habituer mais cela nourrit tant ! 

18 février 

Magnifique lever de soleil. D’abord le ciel d’un bleu foncé, profond et après le même éclat que la veille. Puis le ciel devient rose pastel. Mais il fait bien froid, la terrasse brille de la blancheur des matins givrés. 

Et là encore, comme de nombreux matins, déplier le tapis et mettre le corps en mouvement avec le yoga. 

19 février 

Le soleil se lève devant de plus en plus tôt, je peux aller courir plus facilement. Quel plaisir ! Les couleurs sont dans les tons pastels, il fait frais mais cela vivifie ! Dehors, les signes du renouveau sont palpables :

Les feuilles tombées en automne deviennent à ce moment là de l’année très claires, elles perdent leur marron foncé

L’herbe est d’un vert dynamisant, tonique !

Les premiers bourgeons sont là 

Le florilège d’oiseaux qui volent et chantent dès l’aube

Je cours peu de temps, la performance importe peu. Des fois je pars dix minutes, des fois plus, mais je n’hésite pas à m’arrêter pour observer la nature, je reviens d’ailleurs souvent avec de la matière première, ces derniers temps j’ai ramené plusieurs écorces. 

Grisouille grandit, il va avoir deux mois demain ! Il tête de moins en moins sa mère, il saute de plus en plus et nous fonce dessus sans préavis.  Il a vraiment besoin de notre attention !

20 février 

Ca y est deux mois pour Grisouille. Nous l’avons fait castré il y a un mois environ. Nous avons vu les mâles en action et en odeur aussi alors nous avons choisi cette option. 

Premier papillon citron ! Ce jaune si vif et en même temps doux égaye l’instant ! 

21 février 

6h55, 1er chant d’oiseau, c’est chaque jour de plus en plus tôt en fonction du lever du soleil. Ciel gris aujourd’hui mais avec quelques éclaircies, temps typique du Morvan ! A chaque percée des rayons, je sors pour faire le plein de chaleur ! Le corps a besoin de soleil ces derniers jours avec les températures qui font le yoyo, le besoin d’être dehors se fait ressentir. D’ailleurs j’oriente mon poste de travail en fonction des saisons. En hiver je suis collée au poêle ou dans la cuisine contre le radiateur (la connexion internet est meilleure), après je me décale sur la table du salon face à la baie vitrée pour prendre le soleil et dès que je le peux, je me place sur la terrasse. 

Et hop, deux mésanges qui passent devant moi, pendant que j’écris ! 

Fin février

Grande pause dans l’écriture. Je suis partie une semaine dans le sud dans la famille. Nous avons eu de la chance il a fait beau car l’hiver a été pluvieux dans cette région. Quel bonheur de sentir les amandiers en fleur et de voir les mimosas avec leur jaune vibrant égayer les paysages. J’ai ramassé de la terre rouge du Salagou, je pensais la mettre sur une oeuvre et puis au final, non alors je verrai ce qui viendra. J’aime sa couleur pourpre !  J’ai aussi pris le temps de ramasser, d’arracher plutôt des racines de Garance voyageuse dans une des jardinières de mes parents.

Le temps et la matière

Il y a deux ans j’avais aussi ramassé de la garance au même endroit. Mais elle était restée dans mon atelier. Cela dépend des végétaux et des matières. Certaines sont utilisées rapidement et d’autre sur un temps beaucoup plus long. Je n’ai toujours pas testé les cosmos et safran des teinturiers d’il y a deux ans. L’important c’est de ne pas hâter le processus car cela rate toujours. La patience est le maître mot et honnêtement ce n’est pas toujours facile. Je suis un grande impatiente mais avec le temps, je l’accueille de plus en plus, je lui fais confiance et je sais que le résultat sera toujours au delà de mes espérances. Alors, plus tard, à un moment précis, l’élan est là et je les utilise, comme ces racines. La beauté en sommeil opère. C’est a été un tournant cette année.

1ère semaine de mars

Une semaine à la maison avec les enfants. Des moments en famille et beaucoup de temps dehors car il a fait très beau ! Ateliers, rénovations, débrouissallages et entretien de la maison ! 

Les premières jonquilles sortent dans la forêt juste en face de notre lieu. Ce jaune vif est vivifiant ! Quel bonheur. 

13 mars

Neige. Le corps a dit « NOOOON » en voyant la nature toute blanche ce matin. Pas du tout envie de froid avec le magnifique temps des derniers jours, il est difficile de vivre les changements de température aussi brutaux. Mais après la magie de la neige opère et on se couvre plus. La neige rend le paysage scintillant, elle donne une autre structuration du relief et change les perspectives ! J’aime la regarder tomber.

16 mars

Quelle surprise ! Depuis jeudi, on a quelques épisodes de neige qui n’ont pas tenu bien longtemps mais ce matin, pendant la neige, une couche de neige d’une dizaine de centimètre c’est déposée au sol ! C’est sublime. Il neige encore quand je me lève. 

Depuis 4 jours, nous sommes un peu plus habitués à ces températures. Nous passons la matinée dehors à prendre soin du poulailler, à passer du temps avec les chèvres. Puis l’après midi, je me pose devant la cheminée et je profite de ce temps pour lire et me poser un peu. C’est doux, cela fait du bien. Le printemps s’installe doucement et c’est bien ainsi ! 

19 mars

Petit temps de footing matinal. A la croisée des chemins pour revenir chez nous, l’odeur des sapins flotte paisiblement, cela sent le printemps. 

Premier macérât de l’année, cela se fête. Je le fais toujours avec des fleurs de primevère. Il y a deux ans, nous avons installé un nouveau carré de culture près du potager. J’ai déplacé des plants là bas. Chaque année ils se développent bien. J’aime tellement cette plante. Les feuilles viennent agrémenter les salades et les fleurs aussi mais servent dans les macérâts ou pétillants (je vais tester pour la première fois cette année). J’ai aussi fait un premier pétillant de romarin, j’ai hâte de le gouter !

Le printemps est rempli de premières fois, c’est vraiment une saison que j’aime particulièrement !

La fin de l’hiver

Dans quelques jours ce sera le printemps. Il s’installe déjà depuis deux mois mais plus la lumière s’ancre, plus l’élan de vie se déploie. Petit à petit l’envie de sortir se fait grandissante. Les premières violettes sont sorties dans le village et elles arrivent tranquillement ici. 

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