Chronique de l'automne / 5ème et 6ème semaines
5ème et 6ème semaines de l’automne
C’est les vacances. Moins de temps à la maison, le rythme change, il y a des trajets, des rencontres, des retrouvailles et de la joie ! L'écriture est moins présente, quelques mots, quelques lignes pour déposer les sensations.
Mais aussi et surtout, des paysages, des couleurs, des ambiances et de la beauté ! Cet automne est magnifique partout ! Et pour le coup, j’ai beaucoup traversé la France et de nombreux territoires. J’en ai été émerveillée par les arbres, le brouillard, le jaune qui se détache des feuilles prêtes à tomber, des rouges flamboyants qui renvoient la lumière avec chaleur. Et même de la neige qui tombe par petits flocons dans l’air froid. Du vent qui souffle et brule presque la peau.
Cette saison est bouleversante de temps suspendus, de moments fragiles et empreints d’une beauté fugace. Car les feuilles continuent de tomber, les arbres se dénudent de plus en plus. Bientôt ce sera le temps des conifères, ces arbres qui gardent leur aiguilles et nous réconfortent dans les temps sombres.
Souvent, avec une saison, il y a une matière, une matière bien particulière. L’année dernière, l’hiver était relié aux écorces, ce printemps au papier et cet automne, les feuilles. Ah les feuilles ! Les feuilles aux couleurs vives allant du rouge foncé au jaune clair mais aussi aux motifs si éblouissants parsemées de trous, des points, de dégradés. Une palette plurielle et presque intemporelle. Quand une matière est là, présente, vibrante, elle se déploie dans différentes sphères. Pour que le lien se créée, déjà, il y a une attention installée depuis plusieurs mois voir plusieurs années. Mais aussi et surtout, dans différents domaines. Nous sommes, en effet, en train de préparer le potager pour l’hiver, nous avons enlevé les dernières plantations des planches de culture, nous recouvrons de feuilles mortes. Il en faut des brouettes pour recouvrir 5 planches de plus d’un mètre de large et environ 7 mètres de long. Et là, en les rassemblant, ramassant, étalant, une magie se dégage. Le corps s’active, se réchauffe, et en même temps, une observation s’installe, une présence se diffuse et le lien se renforce. C’est dans le temps long, souvent suspendu, que tout se joue presque. Dans ces moments où l’agitation disparaît au profit d’une sensation de plénitude. Cette année, les feuilles me bouleversent profondément. Car au delà de leur beauté, il y a ce cycle qui se termine, les arbres seront bientôt nus et les nuits sombres vont arriver. Le vivant se perpétue comme cela depuis des millénaires alors laissons le faire cela encore très très très longtemps car il sait beaucoup mieux que nous l’importance de ces temps de vie !